jeudi 2 avril 2009

Détachement

Demain sort officiellement "IN RECOIL", et nous préparons activement notre soirée du 4 au Black Dog et de belles surprises sur notre Myspace.

Et pourtant, je vais parler aujourd'hui de quelque chose de très personnel, un évènement qui a changé ma vision de la musique. Qui explique peut-être le pourquoi de ce blog, pourquoi cette envie de partager cette expérience, "un jour où tout a basculé" comme titrerai un magazine.

Cet évènement m'a apporté énormément de recul par rapport à ce milieu, à l'importance à accorder à la place de la musique dans ma vie, et malgré les apparences parfois trompeuses, j'y ai appris que tout cela est mineur, c'est de l'"Entertainment" comme disent les anglophones.

Tout cela a commencé au début de la vie de DustBowl parmi tant d'autre groupes, où nous croisions des mecs de notre âge (à l'époque, 18-20 ans) qui ne vivaient que dans la musique et la scène, des mecs vraiment à fond, qui avaient tout lâché, boulot, études, pour vivre cette passion, et espérer en vivre un jour. A coté de ça, on croisait pas mal de trentenaires qui avaient 10 ans de "no compromise" derrière eux, et bien souvent un amer constat. Au bout de 10 ans, la vie s'apparentait souvent à de la survie, et le manque de moyen bloquait souvent l'avancement de la vie "normale" : enfants, boulots, famille ne devenait plus compatibles avec la vie de zicos.

A cette époque, j'ai compris qu'en ayant un vrai job, j'arriverai à faire vivre sereinement cette passion et un vie normale parallèlement. Déjà à l'époque nous essayions d'adapter nos ambitions à la réalité de la vie.

Ceci étant, je restais souvent stressé au début des concerts, et j'étais le spécialiste du stressage de Stéphane et du groupe qui étaient toujours trop longs à mon goût pour s'installer, finalement je faisait chier tout le monde et nous attaquions le set avec de mauvaises ondes. Et il a fallu un électrochoc pour que je me rende compte qu'on est pas à 2 minutes lors d'un concert, que peu importe le temps d'installation pourvu que le concert soit bon. Je ne m'étais pas encore rendu compte qu'un groupe détendu envoie de bonnes ondes au public, et que c'est pas grave s'il y a 1 ou 2 mini boulettes tant que le groupe prend du plaisir à jouer ensemble.

Bref, le 04 décembre 2006 nous jouions au magnifique tremplin "Fallenfest" à St Ouen. Il se trouve que mon 2e fils Théo était né 1 mois auparavant, prématuré de 5 semaines. Toute la famille était sortie de l'hôpital au bout de 4 jours, mais le petit mangeait très peu, avait l'air "stone" en permanence, quelque chose clochait. 2 jours après sa sortie d'hôpital, Théo fit un malaise, devint violet, et Sandra du le ranimer en attendant les pompiers. S'en est suivi 1 mois au Kremlin Bicêtre en service de réanimation anesthésique (pulling teeth), où Théo était intubé, nourri par sonde, sédaté, etc, etc. Une expérience dure, mais nous étions chanceux à coté d'autre cas d'enfants malades dans le même service, et nous avons vu des choses vraiment dures à supporter lors de nos visites quotidiennes.

En ce 4 décembre donc, je n'ai pu participer à la balance car j'étais justement à l'hôpital, la date ayant été calée bien avant. Je suis donc arrivé par le métro juste pour l'heure du concert, et j'ai un souvenir d'un concert assez abominable, sûrement le plus mauvais que nous ayons jamais donné. Je n'avais pas mon ampli, et j'ai découvert mon son en même temps que le public : affreux. Puis je n'entendais rien des autres instruments, la sauce ne prenait pas du tout, bref, une catastrophe. Et pourtant j'en avais vraiment rien à foutre, alors que d'habitude je me faisais un sang d'encre pour le moindre larsen, là je jouais de façon mécanique sans même écouter le reste, en ne pensant qu'à mon fils et en attendant que ça se passe.

Et voilà. Je me suis alors rendu compte de la futilité de tout ça : ce n'est que de l'amusement, la vie est suffisamment source de soucis et de tracas, qu'il ne faut garder des passions que le coté positif. Aussi petit et faible fut-il à cette époque, mon fils m'a appris à avoir du détachement.

Et "In Recoil" a aussi à mon sens profité de cet état d'esprit : nous avons composé dans un esprit "fun" (tout est relatif : notre musique reste mélancolique), et je crois qu'il y a eu 100 fois moins de prises de bec que pour "Drops of Chaos" ou les démos. Toute cette phase de compo, d'enregistrement, a été voulue dans un esprit de plaisir : prendre du plaisir à faire nos morceaux pour que les auditeurs prennent du plaisir à les écouter, aussi dépressifs soient-ils. Il en résulte un album plus frais, moins introverti, plus ouvert... que vous découvrirez très vite.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Eh ben dis donc !! Quelle introspection !

C'est vrai que d'avoir des enfants ca aide à voir le monde differemment

sandra C. a dit…

Dure période que la fin d'année 2006. Maintenant Théo est un petit garçon, blond aux yeux bleus et amateur de Ramestein et de Metallica. Bref un futur musicien

Julien a dit…

Le groupe de Raphael, Théo et Valentin : METALLICARS

youhouh !

Nico DustBowl a dit…

Metallicars, excellent!